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Souvenir de Lisbonne

  • 1er avril 2017

En plus il a fait moche.

En plus de quoi ?

Lisbonne, le Tage, 23 mars 2017.
Le Tage à Lisbonne, mars 2017. Photo Ph. Le Pape.

Depuis le temps qu’il se dit que les formats Marc ont déjà un pied dans la tombe et que si une bonne âme se dévouait pour crocheter l’autre ce serait un service à rendre à l’humanité, sans qu’apparaisse jamais dans les pages nécrologiques d’aucune gazette au monde aucun faire-part, sur aucun membre de la famille, l’annonce en 2011 par la Bibliothèque du Congrès du lancement d’une étude (qui allait se concrétiser dans le projet Bibframe) et, par la même occasion, celle de l’abandon du format Marc21 dans un délai de 10 ans, avait arraché au peuple un soupir d’aise collectif (et provoqué un excès temporaire de gaz carbonique dans la stratosphère).

Cette annonce ayant été faite en juin 2011, il resterait environ 4 ans à attendre.

Il ne s’agit que de la Bibliothèque du Congrès et du format Marc21, mais enfin ce n’était pas une bonne nouvelle pour la famille Marc.

Nous voici au printemps 2017 : non seulement les formats Marc ne donnent aucun signe de faiblesse, mais ils continuent à se développer. Paradoxalement la publication et le succès grandissant de RDA leur procurent une vitalité nouvelle.

RDA et Marc21

RDA, attendu comme un standard en rupture avec ceux d’avant (d’avant le modèle FRBR, s’entend), en est en réalité très proche. Il n’est aucune notion du RDA actuel qui ne puisse être prise en change par un format Marc. Les choses changeront peut-être lorsque la révision majeure qui a lieu cette année sera achevée. Il s’agit en effet d’intégrer dans RDA les principes du modèle LRM, successeur de FRBR, FRAD et FRSAD, en lieu et place des principes issus de ces derniers.

Quoi qu’il en soit les bibliothèques utilisent encore massivement les formats Marc, qu’il faut donc mettre à jour pour les adapter à RDA. Marc21 a connu depuis 2010 — et connaît encore — de nombreuses évolutions : création de nouvelles zones, de listes contrôlées de termes et/ou de codes etc.

Unimarc et FRBR

Les utilisateurs de l’Unimarc, généralement tournés vers les standards publiés par l’IFLA (ISBD et règles associées) plutôt que vers ceux issus du monde anglo-saxon, ne se sont guère souciés de ces agitations. Sauf le CfU (Comité français de l’Unimarc, désormais rattaché au programme national Transition bibliographique).

Dès 2010 le CfU a élaboré un nombre considérable de propositions de création de nouvelles zones destinées à « traduire » le modèle FRBR en Unimarc, en donnant au format des notices bibliographiques et surtout à celui des autorités les moyens de rendre compte des entités Œuvre et Expression et de toutes les relations associées, y compris celles avec les autres entités du modèle. Ces propositions, acceptées par le PUC (Permanent Unimarc Committee, l’instance internationale qui administre l’Unimarc), font désormais partie du format.

Le CfU a eu plus de difficulté à faire accepter la création de nouvelles zones (181 et 182) pour les notions de Type de contenu et Type de médiation, pourtant présentes dans l’ISBD consolidé autant que dans RDA, et davantage encore pour le Type de support (183), complément des deux premiers mais présent seulement dans RDA.

RDA et Unimarc

Cette année il s’agissait de faire valider la création de deux nouvelles zones, à l’occasion de la publication des règles de RDA-FR portant d’une part sur les éléments qui, ensemble, se substituent à la zone de l’adresse de l’ISBD (Mention de production, Mention de publication, Mention de distribution, Mention de fabrication et Date de copyright), et d’autre part sur les Caractéristiques du fichier numérique.

Ces éléments ne trouvent pas leur place dans les zones existantes (210 pour la zone de l’adresse, 230 pour la zone 3 spécifique aux ressources électroniques, d’ailleurs rendue obsolète dans l’ISBD consolidé). Le CfU a donc proposé une zone 214 pour les éléments de l’ex-zone de l’adresse, 231 pour ce qui concerne les fichiers numériques. L’une et l’autre étaient largement calquées sur les zones correspondantes créées en Marc21 pour les mêmes besoins (la 214 sur la 264 Marc21, la 231 sur la 347 Marc21)

La réunion annuelle du PUC qui devait décider de leur sort s’est tenue la semaine dernière à Lisbonne, à la jolie Biblioteca nacional de Portugal, rose et modeste, malheureusement survolée en rase-mottes par les avions qui vont atterrir sur les pistes toutes proches de l’aéroport. Bonne cantine (bien meilleure que celle de la BNF).

La zone 231 a été validée, moyennant quelques retouches.

Le projet de zone 214 en revanche, qui pourtant avait été transmis aux membres du PUC en juin 2016 accompagné d’un appel à commentaires (qui ne sont jamais venus), a fait d’emblée l’objet d’un tir de barrage de la part des représentants italien et portugais, soutenus par la Slovénie. Tous préconisaient l’aménagement de la zone 210. Représentant le CfU, j’ai eu beau leur remontrer que c’était impossible, que j’avais commencé par envisager moi-même cette possibilité avant de reconnaître qu’elle ne fonctionnait pas et que force était, comme cela avait été fait en Marc21, de recourir à une nouvelle zone, rien n’y a fait. Le débat s’est conclu sur un vote. Nous n’étions que 6 pays ou organismes représentés (manquaient la Chine, la Lituanie et le CIEPS). Résultat : 3 pour (France, OCLC, Russie), 3 contre (Italie, Portugal, Slovénie). La décision a été prise de rédiger un projet d’aménagement de la 210 et de statuer sur cette 210 remaniée à la prochaine réunion. Dans un an.

Or nous avons déjà défini la zone 214 dans le Sudoc (sous l’étiquette provisoire de 219). Elle entre en application le 18 avril.

Comment faire à l’avenir ?

Je ne sais pas.

Soit on attend, avant de pratiquer dans le Sudoc toute évolution de format nécessitée par l’application de RDA-FR — mais l’attente peut être longue et la décision finale est imprévisible. Le PUC examinait encore cette année des propositions datées de 2008 et de 2010 : l’une a été définitivement validée, l’autre définitivement rejetée.

Soit on fait ce qu’il y a à faire dans le format de catalogage, quitte à ce que celui-ci s’éloigne du format de diffusion.

Autre option : les évolutions indispensables, lorsqu’elles sont refusées par le PUC ou que la décision prend trop de temps, sont validées au niveau national pour l’échange entre institutions françaises.

À voir.

………

Salvador Sobral. Nem eu / Dorival Caymmi, paroles et musique.
Salvador Sobral, chant ; Júlio Resende, piano.
Vidéo : prod. Edições Valentim de Carvalho S.A., 2016.

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RDA, le code de catalogage qui fait grossir

  • 16 juin 2014

Lucques Photo Philippe Le Pape

Il importe absolument de faire la différence entre des métadonnées RDA produites en format Marc et d’autres, qui pourraient être produites elles aussi en appliquant RDA, mais selon des modalités plus modernes, directement destinées à une exploitation dans le L.O.D. par exemple, et sans aucune référence au dispositif longuement éprouvé des catalogues informatisés des dernières décennies du XXe siècle. De telles métadonnées existeront peut-être un jour.

Les métadonnées RDA produites en Marc sont des notices Marc. Elles peuvent, ou non, tirer avantage des facilités de mise en relation des notices Marc entre elles proposées par des formats comme Marc 21, ou plus encore Unimarc.

Les formats Marc et le modèle FRBR

Le format Marc 21, qui reste celui dans lequel produisent les grands établissements bibliographes dans lesquels le code RDA est pratiqué depuis 2013, a connu quelques mises à jour qui reflètent non une remodélisation en faveur des FRBR, mais le passage d’AACR2 à RDA. Des zones, sous-zones, codes etc. supplémentaires ont été définis dans les formats des notices bibliographiques et d’autorité pour des éléments de RDA sans correspondance dans les AACR (voir RDA in MARC).

Quid des entités FRBR du groupe 1 les plus novatrices (œuvre & expression), et des relations qui en partent ou y aboutissent ? D’après les exemples de notices Marc 21 auxquelles on peut accéder depuis le RDA Toolkit [.pdf] on comprend que ces deux entités peuvent être l’une et l’autre exprimées en tant qu’autorités titre, ou nom-titre. Cependant, il n’y a aucun moyen de déclarer une autorité comme décrivant soit une œuvre soit une expression. Rien. Pas le moindre code quelque part, dans le label ou ailleurs. Les étiquettes et les intitulés des zones n’ont même pas été modifiées pour refléter la terminologie FRBR en vigueur dans RDA : c’est toujours « 130 – Main Entry – Uniform Title » pour les œuvres sans créateur associé ou leurs expressions ; « 100 – Heading-Personal Name », « 110 – Heading-Corporate Name » pour celles avec créateur associé, et ça sert indifféremment pour les œuvres et pour les expressions.

La structure des points d’accès, notamment celle des points d’accès autorisés, n’a pas bougé. C’est-à-dire que les points d’accès autorisés de ces notices — qui en application de RDA doivent suffire à identifier une œuvre ou une expression selon le cas — sont identiques aux titres uniformes d’avant le modèle FRBR.

Aucune instruction pour l’enregistrement des relations suivantes : œuvre ↔ expression (a pour expression / est une expression de) ; créateur ↔ œuvre (en particulier en cas de créateurs multiples) ; contributeur ↔ expression ; sujet ↔ œuvre.

Dans le format Marc21 bibliographique, les zones qui permettent d’établir un point d’accès autorisé identifiant l’ « œuvre manifestée » et l’ « expression manifestée », en faisant éventuellement un lien vers les autorités correspondantes, n’ont pas été modifiées elles non plus : ce sont celles des titres uniformes d’autrefois. Comme dans le format des autorités, il n’y a pas de différence d’étiquette selon que le point d’accès identifie une œuvre ou une expression. Ni d’indicateur qui pourrait tenir ce rôle. Et pourtant selon RDA l’ « œuvre manifestée » et l’ « expression manifestée » sont deux relations distinctes. À l’évidence, on considère que « qui fait le plus fait le moins », c’est-à-dire qu’un titre uniforme « d’expression » identifie aussi l’œuvre. Seulement si la zone ad hoc tient aussi lieu de lien vers une notice d’autorité, quel identifiant y met-on : celui de l’expression, ou celui de l’œuvre ?

Les choses sont plus claires en Unimarc. Les entités œuvre et expression, traitées comme en Marc 21 dans le format des autorités, sont clairement distinguées l’une de l’autre. Un code dans une zone spécifique (154) permet de déclarer une autorité comme décrivant soit une œuvre soit une expression. Par ailleurs des zones nouvelles ont été définies pour ce qu’on pourrait appeler des titres uniformes FRBRisés, et les étiquettes sont différentes pour les œuvres et pour les expressions. Ces distinctions se retrouvent dans le format bibliographique : un « titre uniforme d’expression » n’a pas la même étiquette qu’un « titre uniforme d’œuvre ».

Toutes les relations entre entités ont été ajustées selon le modèle FRBR, et dûment identifiées. Dans le format des autorités : œuvre ↔ expression (a pour expression / est une expression de) ; créateur ↔ œuvre (en particulier en cas de créateurs multiples) ; contributeur ↔ expression ; sujet ↔ œuvre. Dans le format bibliographique : lien vers l’œuvre et lien vers l’expression, comme indiqué plus haut.

RDA en Marc dans la pratique

C’est à dire qu’on serait vraiment beaucoup mieux armé pour appliquer un RDA « FRBRisé » en Unimarc qu’en Marc 21 (or c’est sur la base du Marc 21 qu’est conçu Bibframe, rappelons-le au passage).

Seulement la LC, la British Library, la NLA (National Library of Australia), la BAC (Bibliothèque et Archives Canada) etc. utilisent le Marc 21.

Qu plus est, dans la pratique actuelle de la LC et des autres il n’y a pas d’identification systématique de l’ « œuvre manifestée » dans les notices bibliographiques. Apparemment lorsque le titre propre de la publication décrite suffit à identifier l’œuvre, ou les œuvres contenue(s), on s’en tient là. Encore moins d’identification de l’expression dans ce cas, bien entendu. C’est le chapitre 17 de RDA qui traite des « relations fondamentales » du modèle FRBR (c’est à dire les relations entre les entités du groupe 1, œuvre, expression, manifestation, item). Ceci est le profil d’application de la LC pour ce chapitre (copie d’écran du RDA Toolkit) :

RDA-LCPCC-ch17

« Do not apply chapter 17 in the current implementation scenario. » « N’appliquez pas le chapitre 17 dans le scénario d’implémentation actuel. » C’est réaffirmé sur la même page pour les parties « œuvre manifestée » et « expression manifestée ». Voilà. Comme ça, si on avait encore un doute sur la FRBRisation du catalogue de la LC (et des bibliothèques participant au PCC, c’est à dire le Program for Cooperative Cataloging), on n’en a plus. Voir la page du profil d’application de RDA (« Policy statements ») LC-PCC sur le site de la LC.

Voyons la NLA :

RDA-NLA-ch17

« There are no policy statements for this chapter. »  Ça alors, qu’est-ce qu’on fait si on travaille dans cette bibliothèque-là ?

La British Library n’a pas de profil d’application dans le RDA Toolkit, mais elle y a publié des « flux de travail ». On lit ce qui suit dans celui élaboré pour les « monographies » :

General Guidelines for Choosing the Preferred Title (6.2.2.3)
The preferred title for a work is a core element of the description. It is the title chosen as the basis for the authorised access point representing the work. This may simply consist of the title proper recorded in the 245 subfield $a if the title is unique and there is no person, family or corporate body responsible for creating the work. If that title is not unique, additional identifying elements must be included in a new preferred title recorded in field 130, or in the 240 in combination with a 100 or 110 field.

The preferred title is also used to refer to a related work or expression, for example, as the stem of an authorised access point given in the $t of fields 700-711 or $a of field 730.
British Library. Monograph Workflow (Last updated 05.06.14, Aligned with RDA Update April 2014)

Il y est clairement indiqué :

  • que dans certains cas le titre propre (245$a en Marc 21) suffit à identifier une œuvre dans la notice bibliographique, mais les critères sont assez restrictifs, et les directives précises quant à la rédaction d’une entrée au titre privilégié de l’œuvre.
  • que « le titre privilégié est également utilisé pour faire référence à une œuvre ou une expression en relation [avec la ressource décrite], par exemple en formant la racine d’un point d’accès privilégié donné dans les $t des zones [Marc 21] 700-711 [c’est à dire : la sous-zone permettant d’encoder un titre dans des entrées supplémentaires nom-titre] ou $a d’une 730 [idem, pour une entrée titre]. »

Il en résulte que cette notice RDA que j’ai montrée aux Journées Abes 2014 (je l’avais faite moi-même) :

Notice Alice 1

n’est pas juste. Si elle avait été obtenue par conversion du Marc 21, les « titres d’œuvre » auraient été étiquetés 500 (Titre uniforme) en Unimarc, et non 577 (Identification d’une expression), et ces 500 n’auraient pas été liées à l’autorité correspondante, il aurait fallu le faire à la main :

Notice Alice 2

Si elle avait été produite directement en Unimarc, et en respectant les conventions de ce format pour des données complètement FRBRisées il aurait fallu des zones 577 identifiant chacune des deux expressions contenues, et éventuellement des 576 identifiant les œuvres correspondantes.

Qu’appelle-t-on relation dans RDA ?

Les quatre premières sections de RDA sont consacrées aux entités FRBR, les six dernières aux relations entre ces entités. Mais qu’appelle-t-on au juste relation dans RDA ?

RDA sert clairement à décrire des publications (FRBR : manifestations). Si on travaille en Marc, on peut le reformuler ainsi : RDA sert à faire des notices bibliographiques.

Cependant RDA exige que toute notice bibliographique fasse état de certaines des relations qui existent entre la ressource décrite et d’autres entités du modèle FRBR. Par exemple entre la publication et son éditeur. Entre la publication et l’œuvre, ou les œuvres, qu’elle contient — à moins que celles-ci soient en trop grand nombre — de même qu’avec leurs créateurs s’ils sont connus.

Il n’est pas obligatoire pour cela de mettre la notice bibliographique formellement en relation avec d’autres notices (par exemple : celle(s) décrivant l’œuvre, ou les œuvres, contenue(s), ou leurs expressions respectives ; les notices d’autorité établies pour les créateurs de l’œuvre, ou des œuvres, contenue(s) ; celle établie pour la maison d’édition). RDA ne fait pas d’obligation de ce genre, tout simplement parce que techniquement ce n’est pas possible dans bien des systèmes informatiques.

Ce qui est désigné par le terme de relation dans RDA, c’est simplement la mention que l’entité décrite est en relation avec d’autres. Cette mention peut prendre différentes formes, au choix :

  1. le type de la relation + un identifiant de l’entité liée (équivalent Unimarc : les zones de lien des blocs 5XX, 6XX, 7XX avec $3, celles des 4XX avec $0)
  2. le type de la relation, + un point d’accès autorisé identifiant l’entité liée (équivalent Unimarc : les zones de lien des blocs 5XX, 6XX, 7XX sans $3, celles des 4XX sans $0)
  3. une mention textuelle, par exemple une note, identifiant à la fois l’entité liée et le type de relation

Une zone Unimarc 210 telle que :

210 ## $a Paris $c Grund $d [etc.]

suffit à exprimer la relation à l’éditeur (210$c signifie « est l’éditeur de la ressource »).

De même, une note textuelle (Unimarc 3XX) telle que :

304 ## $a Traduit de : Alices’s adventures in Wonderland

suffit à rendre compte à la fois de la relation à l’œuvre contenue et de celle à l’expression originale ; RDA n’en exige pas davantage (mais ne l’interdit pas non plus, bien entendu). En toute orthodoxie vis-à-vis des FRBR, il s’agit là d’une relation entre deux expressions (la traduction française réalisée par André Bay de Alices’s adventures in Wonderland et le texte original anglais de Lewis Carroll). Mais vu qu’Alice’s adventures in Wonderland est aussi le titre par lequel l’œuvre est identifiée, on peut à la rigueur convenir que cette même note fait aussi référence à l’« œuvre manifestée » (ce qui est en principe obligatoire).

Dalí. Todas las sugestiones poéticas y todas las posibilidades plásticas, par Museo Reina Sofía sur Flickr (CC BY-NC-ND 2.0) Dalí. Todas las sugestiones poéticas y todas las posibilidades plásticas, par Museo Reina Sofía sur Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

La différence avec le catalogage « à l’ancienne » ? Eh bien… Hum… Mettons qu’il réside dans le fait que « le catalogueur » est dorénavant conscient que par cette 210 et par cette note 304 il fait œuvre FRBRisatrice. Que sa 210 n’est pas une simple zone de l’adresse bibliographique, mais l’enregistrement de la relation manifestation → éditeur. Qu’il n’a pas simplement transcrit en note le titre original trouvé sur l’ouvrage comme le lui demande sa norme, mais qu’il a mis en évidence une relation entre le livre qu’il décrit et une des « œuvres » qu’elle contient.

Voilà.

Un pâté de FRBR

Les bibliothèques appliquant actuellement RDA (en format Marc donc) se contentent généralement d’enregistrer les relations selon les formes 2 et 3 de la liste ci-dessus (c’est à dire sans faire de lien entre notices). La structure de la notice traditionnelle n’a pas été bouleversée, en dépit de quelques modifications, la plus spectaculaire étant le remplacement de l’indication générale du type de document par un ensemble de trois éléments distincts :

  • RDA 6.9 Type de contenu (Marc 21 336, Unimarc 181)
  • RDA 3.2 Type de média (Marc 21 337, Unimarc 182)
  • RDA 3.3 Type de support matériel (Marc 21 338, Unimarc 183)

(voir La zone 0).

Une notice bibliographique Marc se suffit à elle-même, en RDA comme en AACR2. Tel est le principe qui semble prévaloir dans le monde anglo-saxon, et singulièrement à la Bibliothèque du Congrès. La notice bibliographique Marc contient tout :

  • l’identification de la manifestation (elle est faite pour cela)
  • l’identification de l’œuvre, ou des œuvres, contenue(s)
  • l’identification de leurs expressions s’il y a lieu
  • la mention, sous forme textuelle ou sous forme de points d’accès normalisés, des relations de la manifestation et/ou de l’expression et/ou de l’œuvre aux entités de type personne, collectivité ou famille.

Tout cela se trouve réuni au sein d’une même notice bibliographique RDA en Marc. Il arrive même qu’une zone Marc réunisse des attributs de plusieurs entités FRBR. Ainsi par exemple de la zone de la description physique (Unimarc 215, Marc 21 300) :

215 ## $a 479 pages $c illustrations, en couleurs $d 31 cm (Unimarc)
300 ## $a 479 pages :$b illustrations, en couleurs ;$c 31 cm (Marc 21)

où $a (Unimarc et Marc 21) correspond à l’élément Importance matérielle (attribut de la manifestation), $c (Unimarc) / $b (Marc 21) à des attributs de l’expression (en l’occurrence RDA 7.15 Contenu illustratif et RDA 7.17 Contenu de couleur), et $d (Unimarc) / $c (Marc 21) à l’élément Dimensions, autre attribut de la manifestation.

Les couleurs utilisées dans les notices présentées aux Journées Abes 2014 (voir la diapo ci-dessus) indiquent à quelle entité FRBR, telle qu’elle est traitée dans le code RDA, renvoie chacun des éléments constitutifs de la notice. Noir : manifestation. Bleu : expression. Rouge : œuvre.

On le voit d’une manière flagrante, RDA en format Marc c’est un pâté de FRBR : œuvres, expressions, manifestations etc. hachées, mélangées, mises en terrine.

Une fois qu’on l’a devant soi ce pâté, comment y résister ? La tentation est trop forte. Du pain, un joli vin rouge pour accompagner, quelques radis qu’on a toujours sur soi, des olives. Un pélardon, un Paris-Brest, un café.

Notice suivante. Plus de Paris-Brest c’est vrai ? Y a des mille-feuilles je crois. De toute façon y a le far aux pruneaux en cas de lacune. Côté fromage c’est bon ? Le vin si, j’ai vérifié en arrivant ce matin. Y a du blanc aussi, du muscadet. Oui je sais mais bon. Houlà c’est quoi ce truc encore.

Img0133, par Luca Cerabona (« ckOrange ») sur Flickr (CC BY-NC-ND 2.0) Img0133, par Luca Cerabona (« ckOrange ») sur Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

Les doigts dans l’eau bénite du RDA

  • 23 mai 2014

Os olhos do meu amor
São grãozinhos de pimenta
Namorei-os na igreja
Ao tomar da água benta.

Les yeux de mon amour
Sont des grains de poivre
J’en suis tombée amoureuse
En prenant l’eau bénite.

Arlindo de Carvalho (né en 1930). Verde limão

(Prudence lorsqu’on trempe les doigts dans l’eau bénite.)

C’est terrible comme le stress de devoir parler devant un auditoire, dans une circonstance et dans un lieu assez solennels — du moins insolites — vous enlève à vous-même. On y est plus ou moins sujet, mais moi, le trac me rend malade, même bien avant l’instant redouté. Quand cet instant arrive, et pendant toute le temps où il faut parler, dire des choses, et ensuite répondre à des questions, je suis incapable de raisonner normalement. Et l’âge bien sûr n’arrange rien, vu le nombre de neurones qui s’anéantissent à chaque minute qui passe.

Je ne sais pas ce que j’ai dit sur RDA avant-hier, aux Journées Abes. D’après des personnes qui sont venues me voir ensuite, j’ai dit que ça n’avait aucun intérêt, que ce n’était ni fait ni à faire. Ce que j’ai dit sur les formats Marc, je ne sais pas trop.

Non, je ne pense pas que RDA soit sans intérêt. Je pense au contraire que dans son genre il a de grandes qualités. C’est le premier code de catalogage complet qui envisage vraiment les données bibliographiques comme étant constituées d’entités distinctes en relation les unes avec les autres, et qui suggère qu’elles puissent aussi être mises en relation avec d’autres données (du web) dont la portée ne soit pas essentiellement bibliographique.

Nos règles françaises actuelles ne disent rien de cela. Cependant l’application que nous en faisons dans le Sudoc (par exemple) témoigne d’une approche comparable. Dans le Sudoc, on met réellement des notices bibliographiques en relation avec d’autres notices bibliographiques, des notices d’autorité avec d’autres notices d’autorité, et des notices bibliographiques avec des notices d’autorité. Autrement dit : ce qui est produit actuellement dans le Sudoc n’est pas très différent de ce qu’on peut produire en appliquant le RDA dans un système en Marc capable de gérer des liens entre notices. En tout cas structurellement, il n’y a aucune différence.

Sur certains points, RDA apporte du mieux. Il est possible d’intégrer ce mieux si nous le jugeons utile. Par exemple la mise en relation (obligatoire selon RDA) de la notice bibliographique avec une notice d’écrivant l’œuvre, ou les œuvres contenue(s). Ou encore l’élément Type de support matériel (RDA 3.3) qui complète les éléments Type de contenu (RDA 6.9) et Type de média (RDA 3.2). Le type de support y est exprimé dans un vocabulaire contrôlé pour lequel des valeurs codées peuvent être utilisées. C’est mieux que de le donner sous forme textuelle comme nous le faisons actuellement (dans la zone Unimarc 215/$a) : plus pratique pour l’échange international de données, et pour une sortie en RDF. Cet élément n’a pas de correspondance dans l’ISBD, contrairement aux deux autres (qui équivalent peu ou prou à Forme du contenu et Type de médiation dans la zone 0, bientôt implémentée dans le Sudoc).

Ce qui me semble un peu manqué dans RDA, c’est que cette FRBRisation du code s’apparente davantage (selon moi) à un lifting terminologique qu’à un changement profond. Dans RDA il y en a à la pelle du FRBR et du FRAD, il s’en est mis partout. Mais il n’y a pas eu d’effort de clarification de la notion d’expression par opposition à la notion d’œuvre (voir le billet De l’expression bordel !). Dans RDA la notion d’expression est à l’évidence confondue avec celle de contenu de la manifestation, ce qui n’est pas la même chose. Cette dernière est à rapprocher de l’œuvre de publication (ou plutôt de son expression en l’occurrence) dans FRBRoo.

Il n’y a pas eu non plus de réexamen de la méthode de description des publications de type ISBD, essentiellement fondée sur la transcription ordonnée des éléments d’information recueillis sur la publication à décrire. Loin d’être un spécialiste du RDF, j’ai quand même appris certaines choses dans le groupe de travail interne à l’Abes sur la restitution des données du Sudoc dans ce formalisme. Notamment, que les zones ISBD dans lesquelles l’ordre des éléments est signifiant sont compliquées à faire passer en RDF, parce que certains de ces éléments ne sont en réalité pas indépendants alors qu’ils sont déclarés comme tels. Ils n’ont de sens que mis en rapport avec celui auquel ils sont subordonnés. Exemple : une page de titre portant deux titres, un complément de titre et trois mentions de responsabilité. Se contenter d’étiqueter chacun des éléments indépendamment les uns des autres, c’est comme donner en vrac des pièces détachées sans aucune instruction d’assemblage. Quelle est la bonne combinaison ? Titre : complément du titre / mention de responsabilité. Titre / mention de responsabilité ; mention de responsabilité, ou Titre / mention de responsabilité ; mention de responsabilité. Titre : complément du titre / mention de responsabilité, ou une autre combinaison ? Si on tient à cette méthode d’identification des publications, autant considérer ce type de séquence comme un tout et donner des instructions en ce sens (ce qui n’est pas fait dans le RDA). Ou autoriser le recours à une technique d’encodage des éléments de la source d’information, genre TEI, qui pourrait être utilisée conjointement avec du RDF.

Ou encore considérer que, du moins pour les ressources contemporaines, la description d’une ressource à des fins d’identification peut se faire autrement. D’ailleurs, c’est encore et toujours la suprématie des ressources textuelles qui a décidé de l’orientation des règles. Les enregistrements sonores n’ont jamais eu de page de titre, ni rien qui puisse en tenir lieu. L’identification de cette sorte de ressource passe par l’usage de titres normalisés (identification des œuvres et des expressions musicales), la consignation des noms des interprètes, des circonstances de l’enregistrement (la date surtout), et des données éditoriales et commerciales.

Quant aux formats Marc, ils sont faits pour des notices « à l’ancienne », que par la force des choses nous produisons encore. Et RDA entre parfaitement dedans. Les formats Marc lui vont à merveille. Il est fait pour les vêtements démodés — ou plutôt tellement classiques qu’ils sont indémodables. Il n’aime pas ces matières modernes, ces coupes d’avant-garde, non… dès qu’il essaie d’entrer dedans il les fait craquer, quelque chose ne va pas. Les bras, le buste ça passe, ça le rajeunirait même, mais ça coince au niveau de la taille.

Roma Foro Boario água benta, par patcarmo sur Flickr
Roma, Foro Boario, água benta, par patcarmo sur Flickr

………

Dans la même session RDA vu de l’intérieur aux Journées Abes 2014 : Formations aux pré-requis : retours d’expérience, par Émilie Liard, SCD de l’université de Poitiers.

Notes en vrac

  • 25 octobre 2013

Giorgio de Chirico (1888-1978). La stazione di Montparnasse (1914 ; Paris), 140 x 184,5 cm. Museum of Modern Art, New York, États-Unis.
Giorgio de Chirico (1888-1978). La stazione di Montparnasse (1914), 140 x 184,5 cm. New York (États-Unis), Museum of Modern Art.

J’écris ces notes — qui sortent en vrac — dans le train, après la journée RDA, FRBR état des lieux organisée par la FULBI jeudi 17. (J’y étais invité pour présenter les progrès de la FRBRisation du Sudoc : je n’avais rien à dire, rien. Une situation des plus gênantes. Réduit à un babil d’ameublement. Heureusement les autres intervenants avaient des choses à dire quant à eux, et j’ai trouvé la journée très intéressante.)

Je me pose encore les mêmes questions à propos de ce projet SGBM et d’un futur Sudoc : faut-il passer au RDA ou pas, est-ce qu’un code de catalogage peut vraiment intégrer les FRBR, est-ce qu’il ne faut pas dépasser les FRBR, est-ce qu’on peut trouver une autre inspiration dans FRBRoo … Je ne sais pas.

Mais il me semble qu’il faut découpler les problématiques respectives du RDA et du modèle FRBR. On le voit, la Bibliothèque du Congrès le montre : on peut appliquer le RDA sans vraiment produire de données FRBRisées. Et plus j’y pense, plus je crois que des catalogueurs d’une BU ou autre ne feront jamais l’effort d’identifier l’œuvre, encore moins les œuvres, contenue(s) dans la publication à traiter. Cela tant que les règles de catalogage, et les interfaces de saisie, privilégieront l’aspect contenant par rapport à l’aspect contenu. Ou plutôt : obligeront à voir l’objet à décrire par ce bout-là de la lorgnette.

C’est pourquoi je me dis parfois : passons au RDA quoiqu’il en coûte, faisons-le, débarrassons-nous de ce problème-là. Ce qui nous permettra de nous poser la vraie question : maintenant comment fait-on pour sortir du catalogue traditionnel ? (Pour le dynamiter.)

Autre chose : pour construire des applications FRBR, il importe de ne considérer le modèle que comme une référence (rappelons qu’il a été conçu dans les années 1990, à partir des données de l’époque). Il faut le critiquer, le discuter, l’adapter. C’est ce qui a été fait par exemple pour la conception du nouveau système de production d’Electre  (présenté à la journée FULBI), et dans une moindre mesure dans Data.bnf.fr. Je ne suis pas sûr que la notion d’œuvre au sens strictement FRBR soit réellement représentée dans le modèle Electre, et c’est tant mieux. À mon sens les contours de l’entité œuvrefrbr sont difficiles, sinon impossibles, à normaliser (ce qui est d’ailleurs anticipé dans le modèle). L’entité expressionfrbr ou un équivalent, niveau pertinent pour la gestion des droits d’auteur sur les contenus, me semble moins problématique. De ce point de vue le RDA n’est certainement pas le bon outil, à moins d’être appliqué très librement. Tel qu’il est, le RDA est au contraire un bon moyen de cantonner un peu plus longtemps les bibliothécaires (et les bibliothèques) dans leur culture propre.

Ce qui est remarquable dans la réalisation d’Electre, c’est que compte tenu d’un éventail d’utilisateurs potentiels incluant les professionnels de l’édition, de la librairie et des bibliothèques, on s’est sincèrement interrogé sur les besoins qu’on avait ou qu’on allait avoir, et qu’on n’a pas hésité à changer complètement de point de vue, d’angle d’attaque, dans la production des métadonnées. On n’a pas craint de se projeter dans un univers entièrement différent.

À ce moment précis, je suis distrait de mes réflexions désordonnées par le type à côté de moi, qui téléphone aussi discrètement que possible, mais que j’entends distinctement dire ceci : il n’est pas bête, pas comme sa mère. Qui est cette mère ? Son ex-femme ? Sa belle-sœur ? Une collègue ? Puis un nouvel incident assez amusant, relatif cette fois à mon antipathique vis-à-vis, renchérit sur celui-ci. Plus moyen de penser aux FRBR etc. De toute façon je tourne en rond.

Avec ça on n’est même pas à Bordeaux encore. Ce retour en train est interminable.

Rébus Express. Émission du 8 mars 1962. 1ère partie / Maurice Brunot, réalisateur ; Office national de radiodiffusion télévision française, producteur. (Interlude).
Diffusion : INA [Institut national de l’audiovisuel (France)]. Accès : http://www.ina.fr/video/CPF86643387/rebus-express-1-ere-partie-video.html.

Le malentendu RDA (employé pour : AACR3 ?)

  • 14 octobre 2013

Stockholm (Suède), 19 septembre 2013
Stockholm (Suède), 19 septembre 2013

La réunion annuelle des membres d’EURIG s’est tenue fin septembre à Stockholm, jolie ville impeccable, où même les éléments d’architecture authentiquement très anciens ont l’air d’avoir été exécutés avec un soin minutieux dans les années 1980. Nous étions confortablement reçus à la Bibliothèque royale, Kungliga biblioteket, et gratifiés à de fréquents intervalles de carrés de pain de mie avec des choses dessus (à manger).

On prendra connaissance du compte-rendu de la réunion, dressé par Françoise Leresche (BnF), sur la page du site RDA en France consacrée aux travaux internationaux relatifs au RDA.

Cette réunion d’EURIG était la première depuis l’entrée en vigueur du RDA comme code de catalogage dans un certain nombre de bibliothèques d’envergure, parmi lesquelles la LC [Library of Congress] et la BL [British Library]. Trop tôt sans doute pour un premier bilan (qui n’était d’ailleurs pas à l’ordre du jour).

Cependant, au cours de la réunion, quelqu’un — Daniel van Spanje, représentant à la fois OCLC-Leiden et le réseau des bibliothèques de lecture publique néerlandaises — a dit qu’il faudrait quand même savoir à partir de quand une notice pouvait être labellisée RDA, vu que celles produites par la LC (il aurait pu dire la même chose de celles de la BL) ne comportent pas l’identification des œuvres, alors que cet élément est core (fondamental, et donc obligatoire). Ça me rappelle quelque chose… (cf. Journées Abes 2013). Sans cet élément (et pour ma part j’ajouterais : sans l’identification de l’expression, mais RDA n’en fait pas obligation), les notices bibliographiques ne sont pas FRBRisées. Certes la feue indication générale du type de document (élément présent dans les AACR2 et les anciennes éditions de l’ISBD) est dûment remplacée dans les notices MARC par des zones exprimant la forme du contenu, le type de médium et le type de support, mais pour le reste, en dehors de quelques nouveautés, rien n’a fondamentalement changé. C’est-à-dire qu’on est passé, dans ces établissements, des AACR2 à… des AACR3.

Cette carence flagrante de l’identification de l’œuvre nuit à la réputation du RDA : elle laisse penser que le code est impossible à appliquer. Et pas parce que la LC, la BL et les autres travaillent toujours en MARC : il est parfaitement possible, même en MARC, d’identifier l’œuvre, que ce soit au moyen d’une zone de lien, ou par une simple zone textuelle (puisque la LC ne fait pas de liens entre notices). Est-ce que cela, s’autoriser à négliger un des éléments fondamentaux du RDA (le plus fondamental de tous, celui qui dit clairement : on applique le modèle FRBR), n’est pas une manière d’avouer : RDA: no we can’t ?

Quant aux bibliothèques françaises relevant du réseau de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, compte tenu du projet SGBM qui démarre, il leur faut assez vite traiter la question : RDA, ou pas RDA ?

En faveur du RDA :

  • le code, à tort ou à raison, marque des points au niveau international grâce à un travail incessant de communication qui fonctionne. Dans plusieurs pays on considère que puisque le RDA est porté par la LC, il s’impose de facto comme code international, et qu’il n’y a pas à tergiverser. C’est le cas en Allemagne, où la décision de retenir le RDA est prise de longue date (alors qu’on n’y applique pas les AACR2, mais un ensemble de règles spécifiques, utilisé aussi en Autriche, les RAK). Prévue initialement pour 2013, l’entrée en vigueur du RDA y a été repoussée à 2015.
  • Le RDA est bien représenté dans l’Open Metadata Registry, ce qui rend ses éléments, vocabulaires, etc. disponibles pour l’expression des métadonnées en RDF. (Le modèle FRBR et l’ISBD — qui ne traite que de la description des ressources, c’est-à-dire, grosso modo, de la manifestation FRBR — sont dans le même cas.)

En défaveur du RDA :

  • Le code est encore incomplet (l’indexation matières n’est toujours pas traitée ; des travaux sont en cours à ce sujet)
  • On peut être sceptique sur son aptitude à réellement produire des métadonnées FRBRisées, soit parce qu’il est difficile à appliquer (cf. supra), soit pour des raisons plus profondes (voir le billet FRBR : de l’expression bordel !)
  • Sans identification de l’œuvre, le RDA ne présente guère d’avancées significatives par rapport à un ensemble de règles qui serait constitué de l’ISBD intégré et du reste des règles françaises actuelles (choix et structure des points d’accès).

Si RDA, des questions devront être réglées avant de s’y lancer, parmi lesquelles :

  • Le RDA ménage beaucoup d’options d’application : les choix doivent être opérés et consignés dans une sorte de profil d’application destiné à un contexte d’utilisation spécifique (par exemple : les bibliothèques du réseau Sudoc). Qui rédigera ce profil ? Si c’est l’Abes : quand, et avec quels moyens humains ?
  • Il y aura lieu de former les catalogueurs au nouveau code, dont l’organisation interne n’a rien à voir (rien à voir) avec celle des règles françaises actuelles. Ce point est délicat : il faudra d’abord constituer un vivier national de formateurs qui devront donc acquérir les connaissances nécessaires, puis mettre en place des sessions dans les CRFCB. La question se pose en particulier pour l’Abes, dont aucun agent ne dispose actuellement de l’expertise nécessaire.
  • La question de la formation amène celle de l’aide au catalogage, et de la maintenance de l’éventuel profil d’application qui aura été défini (cf. supra). Ces tâches devraient en toute logique incomber à l’Abes. Il faudra donc en définir les conditions. Quid du réseau Sudoc actuel ? L’Abes devra-t-elle mener en parallèle l’aide au catalogage selon les normes actuelles (et la maintenance du Guide méthodologique) et l’équivalent pour le RDA ? Ou bien sera-ce le RDA pour tout le monde ? (On boucle alors sur la question de la formation, qui devient une opération à grande échelle).
  • Une autre question mérite d’être posée : quel sera le périmètre documentaire de l’utilisation du RDA ? Les seules ressources « analogiques », dont l’importance relative décline au profit des ressources électroniques ? Ou bien… ?

En cas d’adoption rapide du RDA dans le réseau des BU (je dis BU pour faire court), il y aurait en outre lieu de réexaminer les conditions de la participation de celui-ci au projet RDA en France (dont le groupe stratégique était jusqu’au départ de Raymond Bérard pour l’INIST présidé par le directeur de l’Abes, et dans le cadre duquel il a été décidé de ne pas appliquer RDA dans l’immédiat).

En résumé : une décision d’appliquer RDA pour faire comme tout le monde (ce qui peut se justifier) aurait un prix, qu’il vaudrait mieux évaluer avant d’avoir à le payer.

Ceci sans préjudice de l’utilisation ou non de BIBFRAME lorsqu’il sera stabilisé.

………………

L’an prochain, la réunion EURIG aura lieu à Vienne, patrie du Wiener Schnitzel et de la Sachertorte — et capitale du seul pays au monde capable de rivaliser avec la France en matière de pâtisserie.

Et c’est bientôt Noël.

Le RDA in French

  • 17 mai 2013

Depuis le 14 mai.

Le RDA Toolkit en français

Le RDA Toolkit (qui n’a pas changé de titre pour autant) est disponible dans sa traduction française, ou dans l’allemande pour ceux qui préfèrent. La version française est le fruit d’une collaboration transatlantique entre l’ASTED (Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation), BAC (Bibliothèque et Archives Canada), BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec) et la BnF (Bibliothèque nationale de France).

Le site prend automatiquement la version linguistique paramétrée dans les « préférences » du navigateur (ce que je ne trouve pas très pratique). On est presque surpris de lire élément fondamental au lieu de core element :

RDA : Œuvre manifestée

et on entend l’accent québécois lorsque record est traduit par enregistrer :

« Si aucun des termes listés dans le tableau 3.1 ne s’applique au support matériel de la ressource, enregistrer autre. »

On découvre des mots nouveaux (non ?) :

« § 3.20.1.3 Enregistrement de l’équipement ou du système requis

Enregistrer tout équipement ou système requis au-delà de ce qui est normal ou évident pour ce type de support matériel ou ce type de fichier (par exemple, la marque et le modèle de l’équipement ou du matériel, le nom du système d’exploitation, la capacité de mémoire, le langage de programmation, les autres logiciels nécessaires, ou tout plugiciel ou périphérique requis pour faire fonctionner, visionner ou faire défiler la ressource). »

des personnes remarquables (§ 9.2.2.3 Choix du nom privilégié) :

RDA (fr) Soeur Albina Fauteux

et des activités intéressantes si on envisage de changer de métier (§ 9.15.1.3 Enregistrement des domaines d’activité de la personne) :

RDA (fr) Confection de courtepointes

D’après la préface, l’édition française inclut les modifications de 2011, mais pas celles adoptées par le JSC (Joint Steering Committee for Development of RDA) en octobre 2012 :

Cette première parution en français inclut les modifications adoptées en 2011 par le JSC dans le cadre du processus formel de révision de RDA et intégrées dans la version anglaise du RDA Toolkit en avril 2012 ainsi que toutes les modifications mineures incorporées jusqu’en octobre 2012. Les mises à jour de RDA postérieures à cette date seront prises en compte dans les futures éditions de la version française.

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En accès libre :

Extrait de : Bon cop, bad cop / Éric Canuel, réalisation ; Leila Basen, Alex Epstein, Patrick Huard, Kevin Tierney, scénario ; Patrick Huard, Colm Feore, Lucie Laurier, Patrice Bélanger… acteurs. Production : Park Ex Pictures, Sortie 22. Canada, 2006.