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Que cent zones zéro s’épanouissent
- 28 mai 2014
¡ Avertissement !
Ce billet est destiné à un « public intéressé par le domaine » disons — si un tel public existe. Et qui aime couper les cheveux en quatre.
Zero Gravity, par Luca Rossato sur Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)
Les éléments de la zone 0 sont répétables. La zone 0 elle-même, dans son ensemble, est répétable. Avantage ou inconvénient ? Avantage et inconvénient. D’emblée, déplorons la parcimonie des explications fournies en la matière dans le texte de l’ISBD, et l’absence de cas d’usage : on s’oriente un peu au doigt mouillé.
L’important est qu’on puisse enregistrer l’ensemble des aspects de la ressource, avec en tête les facettes de tri/recherche à proposer aux usagers.
Les cas suivants sont distingués dans le paragraphe consacré à la ponctuation prescrite pour la zone 0 (ISBD, édition intégrée § 0.1 Forme du contenu [2011, traduction française 2013], page 29) :
- Différentes formes du contenu réunies dans un seul type de médiation ;
- Ressource constituée de différents types de médiation et réunissant différentes formes du contenu.
Commençons par cette dernière.
1. Plusieurs formes du contenu, autant de types de médiation : répétition de la zone 0
En cas de formes de contenu distinctes, chacune correspondant à un type de médiation déterminé, c’est assez simple : c’est comme si on répétait la zone entière, autant de fois que nécessaire. Les exemples ne manquent pas, en voici un :
Histoires de peintures, par Daniel Arasse, ressource constituée d’enregistrements d’émissions de radio (sur CD) et de leur transcription (livre) :
Parole énoncée (auditive) : audio + Texte (visuel) : immédiat
En affichage ISBD, chacune des séquences correspondant à une zone 0 est séparée de la suivante par un signe « + ».
En Unimarc, on aura autant de couples 181 (Forme du contenu) – 182 (Type de médiation) que de séquences, appariées par des $6 (faute de quoi on ne saura pas quelle 182 va avec quelle 181).
Il manque, cela a déjà été relevé dans le billet précédent, de pouvoir compléter chacune des séquences par le type de support approprié (respectivement CD et livre), ce qui est possible dans RDA.
2. Plusieurs formes du contenu, un seul type de médiation
On aurait aimé des cas pratiques dans l’ISBD, et des règles d’application, car cet énoncé recouvre en réalité plusieurs cas distincts :
a — celui de la ressource unique constituée de plusieurs formes de contenu entremêlées (ce cas est extrêmement courant ; par exemple un livre constitué de texte et d’images).
b — celui de la ressource en plusieurs parties distinctes, chacune de ces parties étant constituée d’une forme de contenu spécifique.
c — et le cas où on a les deux à la fois (ressource en plusieurs parties, l’une au moins de ces parties étant constituée de plusieurs formes de contenu entremêlées).
Voici ce qui est dit :
Dans le cas de ressources au contenu mixte, pour lesquelles n’existe aucune partie prédominante (c’est-à-dire que toutes les parties présentent la même importance ou la même mise en valeur), tous les termes applicables à la ressource décrite sont à noter dans l’ordre alphabétique. Exceptionnellement, dans le cas où trois formes au moins s’appliquent aux ressources à contenu mixte, il est possible d’utiliser le terme multimédia.
Dans le cas de ressources au contenu mixte, pour lesquelles une partie de la ressource est prédominante et le reste du contenu considéré comme minime ou accessoire, il est possible d’omettre les formes du contenu qui ne sont pas prédominantes (par exemple, un livre imprimé contenant un peu plus que quelques illustrations, sans que celles-ci suffisent, cependant, à en constituer une partie prédominante ; un enregistrement d’un opéra contenant quelques paroles énoncées).
ISBD, édition intégrée § 0.1 Forme du contenu (2011, traduction française 2013, page 30).
Ce que je comprends, c’est que seul le cas a (la ressource unique constituée de plusieurs formes de contenu entremêlées) est envisagé. On doit de surcroît estimer si l’une des formes de contenu est prédominante (on peut alors négliger l’autre, ou les autres). Exemple, La Princesse de Clèves, avec des illustrations de Roger Vieillard, à l’Imprimerie nationale en 1980 :
Texte (visuel) : immédiat
En cas de parité (exemple, un catalogue d’exposition imprimé comme celui-ci : Corps et Ombres : Caravage et le caravagisme européen, très abondamment illustré) on devrait avoir :
Image (fixe ; bidimensionnelle ; visuelle). Texte (visuel) : immédiats
Les deux formes du contenu se succèdent dans l’ordre alphabétique (comme prescrit par l’ISBD), et précèdent le type de médiation qui leur est commun. En Unimarc : deux 181, une seule 182.
Ça peut sembler étrange de définir un livre à la fois comme de l’image et comme du texte, mais est-ce que ce n’est pas lié à la croyance, bien ancrée en nous, que ce qui est imprimé sous forme de livre ou de journal est textuel dans sa substance ? Avons-nous la même attitude quant à l’électronique ? Un quotidien en ligne par exemple (qui contient du texte, de l’image fixe et souvent de la vidéo). Et encore une fois, les éléments de la zone 0 gagneraient à être complétés par l’indication explicite du type de support, qui puisse elle aussi tenir lieu de facette de sélection.
Si on applique la logique de la « partie prédominante » à une monographie sur un photographe, un peintre etc. dans laquelle l’image prédomine largement (il en existe avec fort peu de texte), ce serait ça :
Image (fixe ; bidimensionnelle ; visuelle) : immédiate
Mais quid des cas b et c ?
Le cas b, celui des ressources en plusieurs parties, chacune de ces parties étant constituée d’une forme de contenu spécifique devrait se traiter de la même manière — du moins on le suppose. Mais alors une formulation telle que :
Image (cartographique ; fixe ; bidimensionnelle ; visuelle). Texte (visuel) : immédiats
s’applique tout autant à un volume contenant cartes et texte d’égale importance qu’à une ressource constituée d’un volume de texte et d’un atlas (sans que l’un soit considéré un matériel d’accompagnement de l’autre).
Elle s’applique même au cas c, celui où l’un des volumes serait de contenu mixte (cartes et texte) et l’autre non (cartes seulement, ou texte seulement). Et au cas où les deux parties seraient de contenu mixte (cartes et texte).
3. Une seule forme du contenu, plusieurs types de médiation
Ce cas est probablement rare. Exemple recueilli dans l’ISBD :
Texte (visuel) : immédiat + Texte (visuel) : microforme
Comme on voit, la forme du contenu commune est répétée.
Le cas des CD (ou des DVD) peut prêter à controverse, puisque ces supports peuvent être lus aussi bien sur des ordinateurs (type de médiation : « électronique ») que sur des appareils audio (type de médiation : « audio »). Il semble que le type de médiation « électronique » doive être réservé aux enregistrements qui nécessitent un ordinateur ou tout autre dispositif analogue pour être utilisés — un fichier mp3 par exemple :
Musique (interprétée ; auditive) : électronique
Dans le cas contraire — un disque vinyle ou un CD par exemple — le type de médiation sera « audio » :
Musique (interprétée ; auditive) : audio
………
Voilà. On va s’arrêter là pour cette fois. Et puisque l’été vient, et même si c’était encore l’hiver, imaginons « la platja de Barcelona, alguna nit de juliol » : autorisons-nous un peu d’image (animée ; bidimensionnelle) : électronique, qui est aussi de la musique (interprétée ; auditive) : électronique, ça nous fera du bien.
Cesk Freixas | La petita rambla del Poble Sec / Cesk Freixas, paroles, musique, chant, guitare ; Magí Batalla, arrangements & direction musicale. Extrait de l’album La mà dels qui t’esperen, Temps Record, 2010.
Vidéo : Marc Artigau, direction artistique. Barcelone, Oudú produccions, 2010.
La zone zéro
- 26 mai 2014
Zero, par MTSOfan sur Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)
Comme annoncé aux Journées Abes 2014, nous travaillons à l’implémentation dans le Sudoc de la zone 0. De ce nom stupéfiant on désigne une partie de la notice ISBD permettant d’informer sur la forme du contenu de la publication décrite et sur le type de médiation par laquelle on y accède. La conception de cette zone la destine essentiellement à des fonctions de tri (au moyen de facettes par exemple).
La zone 0 annule et remplace l’indication générale du type de document (« texte imprimé », « enregistrement sonore » etc.) jusqu’à présent encastrée dans la zone du titre et de la mention de responsabilité (en Unimarc : 200$b).
1. L’indication générale du type de document
Cette indication générale du type de document présente plusieurs inconvénients.
D’abord un « document » relève d’un type et d’un seul. Il ne peut pas être à la fois « texte imprimé » et « image fixe » par exemple. C’est ainsi qu’une bande dessinée est conventionnellement décrite comme « texte imprimé ». Idem d’un album pour enfants, bien que l’image y soit largement prépondérante. Idem d’un catalogue d’exposition, d’une monographie sur l’œuvre d’un peintre ou d’un photographe, etc.
Ensuite on voit bien que certaines des formules normalisées utilisables pour cet élément informent à la fois sur un type de contenu (« texte ») et sur un mode de mise à disposition (« imprimé »). Pour autant « texte électronique » n’a jamais été une désignation reconnue. On dit « ressource électronique » — qui n’est qu’un mode de mise à disposition, ce qui nécessite de préciser le type de contenu d’une telle ressource ailleurs dans la notice (en l’occurrence dans la zone 3, Unimarc 230). Certaines autres « indications générales du type de document » ne désignent au contraire qu’un type de contenu (« image fixe », « document cartographique » par exemple). Pour une publication d’« image fixe » ou un « document cartographique » publiés électroniquement, l’indication générale du type de document devient obligatoirement « ressource électronique ». (Sans compter qu’un « document cartographique » est aussi une image.)
Conclusion : l’indication générale du type de document manque à ce point de rigueur et de cohérence qu’elle n’est pour ainsi dire d’aucune utilité en tant que critère de tri dans un catalogue.
2. La zone 0 de l’ISBD
La zone 0 (« zone de la forme du contenu et du type de médiation »), définie dans l’ISBD, édition intégrée (2011, traduction française 2013, pages 29-34), tente de pallier ces inconvénients.
Contrairement à l’indication générale du type de document, elle est répétable et chacun de ses éléments l’est aussi, ce qui d’ailleurs est potentiellement source de micmacs considérables. D’autant que l’ISBD manque d’explications et d’exemples sur ce sujet — qui ne sera pas développé dans ce billet. Une autre fois peut-être.
Elle est structurée en deux parties bien distinctes : la forme du contenu (de la ressource décrite), et le type de médiation, c’est à dire son mode de mise à disposition. Par exemple : texte (forme du contenu), électronique (type de médiation). Ou son (forme du contenu), audio (type de médiation). Avec la ponctuation prescrite qui fait le charme de l’ISBD :
Le signe « : » matérialise la frontière entre les deux parties de la zone 0. Il marque bien qu’il s’agit de deux éléments distincts. Remarquons au passage que le type de médiation « audio » et la forme du contenu « son » ne sont pas redondants (du son peut être mis à disposition sous forme de fichier électronique).
2.1. L’élément Forme du contenu
Les différentes formes du contenu possibles sont les suivantes :
Données — Image — Mouvement — Multimédia — Musique — Objet — Parole énoncée — Programme — Son — Texte — Forme du contenu non définie
(pour les définitions, voir l’ISBD), p. 30 et 31. On déplore la présence dans cette liste de multimédia, qui a le sens de « formes multiples ».
2.2. Le sous-élément Qualificatif du contenu
Une forme du contenu telle que « texte » doit être précisée par un qualificatif du contenu, car du texte peut être destiné à être lu soit à l’œil soit au toucher :
Le qualificatif du contenu est un sous-élément de la forme du contenu. Il est « obligatoire si applicable », c’est à dire que certaines formes du contenu exigent un ou plusieurs qualificatifs du contenu (jusqu’à quatre), qui sont, dans l’ordre : la spécification du type, la spécification du mouvement (en cas d’image uniquement), la spécification de la dimensionnalité (en cas d’image uniquement), et la spécification du sens humain grâce auquel le contenu est perçu (qui comporte entre autres le terme olfactif pour les ressources qui puent de manière intentionnelle).
C’est ainsi qu’un texte est soit visuel, soit tactile (c’est à dire en braille ou autre système analogue), qu’une image peut être cartographique (« spécification du type »), qu’elle est animée ou fixe (« spécification du mouvement »), bidimensionnelle ou tridimensionnelle (« spécification de la dimensionnalité »), et peut enfin être perçue soit par la vue soit par le toucher (« spécification du sens sollicité »). Exemple :
Image (cartographique ; fixe ; bidimensionnelle ; tactile)
Sublime.
Voici la liste des qualificatifs du contenu :
Spécification du type : cartographique — noté/notée — interprété/interprétée
Spécification du mouvement : animée — fixe
Spécification de la dimensionnalité : bidimensionnelle — tridimensionnelle
Spécification du sens sollicité : auditif/auditive — gustatif/gustative — olfactif/olfactive — tactile — visuel/visuelle
(pour les définitions, voir l’ISBD), p. 32.
2.3. L’élément Type de médiation
Cet élément est constitué d’un terme assez général indiquant le moyen par lequel on accède à la ressource décrite. Enfin… c’est un peu moins simple que ça. Cet élément fait d’abord la différence entre les ressources qui ne nécessitent aucune médiation (c’est à dire auxquelles on accède directement grâce au sens mentionné en qualificatif du contenu) et les autres. Dans le premier cas, on dit : « immédiat ». Exemple :
Texte (visuel) : immédiat
« Immédiat » est le terme consacré dans l’ISBD, mais bien entendu on peut en retenir un autre dans une interface de recherche et/ou d’affichage.
Dans les autres cas, ça dépend du type d’appareil nécessaire pour accéder à la ressource. Les différents types de médiation possibles dans ces cas-là sont les suivants :
audio — électronique — microforme — microscopique — projeté/projetée — stéréoscopique — vidéo
Exemples :
Texte (visuel) : microforme
Image (animée ; bidimensionnelle) : vidéo
Musique (interprétée ; auditive) : audio
Parole énoncée (auditive) : électronique
Et il en reste deux : le malencontreux multisupport (malencontreux dans sa formulation), et l’indispensable type de médiation non défini.
Le type de médiation ne s’accompagne d’aucun qualificatif.
3. À quoi sert la zone 0 ?
On peut bien entendu l’afficher telle quelle (mais elle achèvera de précipiter les statistiques de consultation du catalogue dans les abysses : mieux vaut trouver des équivalents intelligibles).
Elle est plutôt conçue, ainsi décomposée en éléments et sous-éléments, pour les tris. Par exemple, avoir isolé l’aspect « tactile » permet de filtrer les ressources destinées aux mal- ou non-voyants. La zone 0 permet de définir des facettes ou des filtres de recherche de manière assez souple, avec plus ou moins de granularité, en opérant éventuellement des regroupements, et cela « à la carte ».
3.1. Quelques imperfections
Seulement pour que ce soit possible dans tous les cas, il faut éliminer l’implicite dans la terminologie employée. Cette règle est assez bien respectée. Par exemple on qualifie bien de visuel un texte ou autre qui n’est pas tactile, au lieu de considérer qu’il l’est par défaut.
En revanche un objet par exemple est par défaut tridimensionnel. On ne le dit pas explicitement (la spécification de dimensionnalité ne s’applique qu’à l’image).
Ou bien, si la musique est soit notée soit interprétée (« spécification du type »), ce n’est pas le cas du texte. Pour un texte noté on ne donne pas de « spécification du type ». Pour un texte interprété on ne dit plus texte, mais parole énoncée, qui est une « forme du contenu » à part entière, distincte donc de texte. C’est gênant.
Encore autre chose, pour un enregistrement sonore textuel on a ceci :
Parole énoncée : audio
Supposons qu’il s’agisse d’une captation de spectacle. Si cette même captation est disponible aussi en enregistrement vidéo on a cette fois :
Image (animée ; bidimensionnelle) : vidéo
Encore qu’en principe rien n’interdirait dans ce cas de doubler la forme du contenu pour éviter de perdre l’aspect « parole énoncée » :
Image (animée ; bidimensionnelle). Parole énoncée : vidéo
3.2. Et le type de support ?
Ce qui manque à cette zone 0, c’est une information complémentaire sur le type de support pour indiquer que (par exemple) le « texte (visuel) : immédiat » et l’ « image (fixe ; bidimensionnelle ; visuelle) : immédiate » sont publiés sous la forme d’un livre. On le dit sous forme textuelle dans la zone de la description physique (Unimarc 215, $a), mais il vaudrait mieux un vocabulaire contrôlé qui viendrait préciser la forme du contenu et le type de médiation. Cet élément existe dans RDA.
4. RDA : type de contenu, type de média, type de support matériel
Le RDA, s’il fait bien du type de contenu (RDA § 6.9) et du type de média (RDA § 3.2) deux éléments distincts, ne va pas au-delà dans la granularité. C’est à dire qu’il a prévu un ensemble de combinaisons standard des différents aspects du type de contenu prévus par l’ISBD (forme de contenu – spécification du type – spécification du mouvement – spécification de la dimensionnalité – spécification du sens sollicité), chacune de ces combinaisons formant une entrée dans le vocabulaire contrôlé correspondant.
Exemple :
De même, la combinaison de l’ISBD :
Image (cartographique ; fixe ; bidimensionnelle ; visuelle)
a pour équivalent dans RDA le type de contenu :
Image cartographique
qui veut dire tout ça à la fois. Les autres types de contenu relatifs à l’image dans RDA sont au nombre de six (image animée bidimensionnelle ; image animée tridimensionnelle ; image cartographique animée ; image cartographique tactile ; image fixe ; image tactile). C’est plus simple que l’ISBD lorsqu’on catalogue, puisqu’on a déjà anticipé sur les combinaisons les plus probables et qu’il suffit de choisir celle qui convient dans une liste.
Inconvénients : il est possible que des combinaisons n’aient pas été prévues (mais c’est prévu quand même : « Si aucun des termes dans la liste ci-dessus ne s’applique au contenu de la ressource décrite, enregistrer autre. » RDA § 6.9), et surtout ça laisse moins de liberté pour paramétrer ses facettes de recherche (on ne peut définir une facette sur la seule forme image qu’en regroupant les 7 types cités plus haut en une seule, idem si on en veut une sur l’aspect tactile, 7 types différents aussi, etc.), d’autant que beaucoup de place a été laissée à l’implicite dans le vocabulaire : ce qui n’est pas tridimensionnel est réputé bidimensionnel, sauf l’image animée — mais seulement lorsqu’elle n’est pas cartographique (on dit : image animée bidimensionnelle mais image animée cartographique tout court, qui s’oppose à image cartographique tridimensionnelle).
Bref : c’est plus simple lorsqu’on catalogue, mais ça laisse moins de latitude lorsqu’on paramètre les interfaces de recherche.
Le type de contenu et le type de média sont complétés dans RDA par un 3e élément : le type de support matériel (RDA § 3.3), pour lequel a été défini un vocabulaire contrôlé. Les trois éléments sont conçus comme un ensemble.
5. Dans le Sudoc, ce sera comment ?
5.1 Le format Unimarc
Les deux standards (ISBD et RDA) sont pris en compte dans les zones 181 et 182 du format Unimarc bibliographique. 181 pour la partie forme du contenu de la zone 0 ISBD ou l’élément type de contenu du RDA, 182 pour la partie type de médiation de la zone 0 ISBD ou l’élément type de média du RDA. Une zone 183 a également été définie pour l’élément Type de support matériel de RDA. Ce sont des zones de données codées. Comme le Marc21, l’Unimarc offre la possibilité d’encoder aussi ces divers éléments sous forme textuelle (zone 203 pour la zone 0 de l’ISBD ou les éléments Type de contenu et Type de média de RDA, zone 283 pour l’élément Type de support matériel de RDA), mais ces zones ne seront pas implémentées dans le Sudoc.
La zone 181 (Forme du contenu) comporte deux sous-zones de longueur fixe ($a, 2 positions, $b, 6 positions) pour refléter la conception analytique de la zone 0 de l’ISBD. Exemple :
$ai#$bxxxe##
pour : Texte (visuel). Voilà qui semble bien complexe pour exprimer si peu de chose, mais c’est tout simplement parce que la forme de contenu ($a) étant en l’occurrence du « texte » (valeur : i), les 3 premières positions de la sous-zone $b (qualificatifs de contenu) sont « non applicables », d’où ces trois valeurs « x » précédant la valeur « e » (pour « visuel »).
Le principe de cette zone est en effet celui de toute zone codée de longueur fixe dans laquelle s’enchaînent des éléments d’information signifiants en raison de leur position.
Si on veut utiliser la 181 pour RDA, on dispose juste d’une $c contenant un code à 3 caractères alphabétiques (défini pour le format MARC21) correspondant à chacun des types de contenu spécifiés dans la norme. Exemple :
$ctxt$2rdacontent
pour : Texte (qui est l’équivalent RDA de Texte (visuel) de l’ISBD). Cette $c n’est pas spécifique à RDA, mais à tout code de catalogage autre que l’ISBD. D’où la sous-zone $2 précisant de quel vocabulaire est issu le code figurant en $c.
La zone 182 (Type de médiation) n’a qu’une sous-zone ($a pour l’ISBD, $c pour RDA). En cas de $c, il faut une $2rdamedia. Exemple :
$an
ou :
$cn$2rdamedia
pour : immédiat (ISBD) ou sans médiation (RDA).
La zone 183 (RDA Type de support matériel), qui vient tout juste d’être créée dans le format Unimarc/B, n’a pas encore fait l’objet de spécifications pour une implémentation dans le Sudoc.
5.2 Catalogage
En catalogage ce sont les catégories du RDA qui seront proposées, pour des raisons de simplicité (c’est donc la sous-zone $c qui sera renseignée). La liste à utiliser comporte une grosse vingtaine de termes. Les catalogueurs auront à leur disposition une boîte de saisie avec une liste déroulante de libellés que nous espérons aussi parlants que possible.
5.3 Exports
Une table de correspondance a été établie entre la nomenclature RDA et les libellés ISBD, sur la base du vocabulaire RDA (toute combinaison théoriquement possible en ISBD, mais non prévue dans RDA, ne pourra être codée que comme « forme du contenu non définie »). Cette table permettra de générer automatiquement des zones 181 structurées selon l’ISBD ($a et $b). Les deux versions des zones 181 et 182 seront exportées en Unimarc. L’export en Marc21 est également prévu (zones 336 et 337).
5.4 Affichages
La conformité à l’ISBD sera respectée dans le seul affichage « i » (notice ISBD dans WinIBW). L’affichage « u » (avec libellés) de même que l’affichage public appliqueront une formulation plus simple.
5.5 Calendrier
Ces deux nouvelles zones (181 et 182) devraient être mises en production dans le courant de l’automne.
6. La zone 0 et le modèle FRBR
Dans le modèle FRBR, l’un des attributs de l’expression est sa forme :
On entend par « forme de l’expression » le moyen par lequel l’œuvre est réalisée (par exemple, sous forme de notation alphanumérique, de notation musicale, sous forme déclamée, sous forme de sons musicaux, d’image cartographique, d’image photographique, de sculpture, de danse, de mime, etc.).
FRBR, 2e éd. française, § 4.3.2 Forme de l’expression
On le voit, cette notion de forme de l’expression (FRBR) est très proche de celle de forme du contenu (ISBD).
Cependant une publication (manifestation) réunit fréquemment plusieurs œuvres différentes à travers leurs expressions respectives. Il suffit (par exemple) qu’un texte soit accompagné d’illustrations dans telle publication. Ou qu’une publication soit un recueil de choses plus ou moins homogènes quant au contenu (actes de congrès ou autres). À quoi alors d’applique la zone 0 ?
Côté ISBD les choses paraissent assez claires : on est au niveau de la manifestation. Même si, dès lors qu’on parle de contenu, on dit quelque chose de l’expression, ou des expressions de l’œuvre (ou des œuvres) réunies dans la publication, c’est bien sur le contenu global de celle-ci qu’on fournit des informations. La publication est prise comme un tout, et on donne une typologie de ce qu’elle contient.
Si la manifestation contient une seule œuvre, et une seule expression de celle-ci, la forme de contenu de la manifestation se trouve être aussi la forme de l’expression. « Texte (visuel) » est par exemple aussi bien la forme du contenu du livre Le vice-consul, de Marguerite Duras, publié par Gallimard en 1966 (manifestation) que celle de l’expression de l’œuvre contenue dans ce même livre. Cette expression constitue en effet à elle seule tout le contenu de ce livre : pas de préface, ni de postace, d’illustrations, rien que le texte de Marguerite.
Pour l’Unimarc : les zones 181 et 182 sont définies pour l’instant dans le format bibliographique seulement. La zone 181 devrait normalement être définie également dans le format des autorités à l’avenir, pour les notices d’expression.
Pour RDA, qui a son modèle FRBR à lui, l’élément Type de contenu est traité dans la partie du chapitre 6 Identification des œuvres et des expressions traitant de l’expression (§ 6.9). Il n’empêche que la pratique courante lorsque les données sont produites en Marc est d’intégrer cet élément aux notices bibliographiques (Marc21 : zone 336).
Si un jour il devient de pratique courante dans l’application de RDA de décrire systématiquement les expressions représentées dans une manifestation, je suis curieux de voir l’emploi qui sera fait de cet élément, et ce qui figurera alors dans les métadonnées des manifestations correspondantes…
Practicing for the circus, par seniwati sur Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)
ISBD
La nouvelle édition de l’ISBD consolidé est parue. Une lecture idéale au sortir du bain - tellement captivante qu’on en oublierait le soleil qui frappe impitoyablement. Prévoir donc d’acheter en même temps une crème solaire de qualité.
ISBD : International Standard Bibliographic Description. - Consolidated Edition / edited by the Standing Committee of the IFLA Cataloguing Section. - Berlin ; Munich : De Gruyter Saur, 2011. - (IFLA Series on Bibliographic Control : 44).
ISBN 978-3-11-026379-4 : 89,95 EURDisponible également en eBook. - ISBN 978-3-11-026380-0.
ISBD : la première référence qui sort dans G***** quand on tape ça, c’est the International Society for Bipolar Disorders. Les troubles bipolaires.
Gauguin, Van Gogh, Scriabine, Virginia Woolf, Nerval, Baudelaire, Matisse… et al : ils étaient tous bipolaires paraît-il.
On voit par là que c’est de l’art, l’ISBD. Et de la folie.
Nous le savions déjà n’est-ce pas ?