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Que cent zones zéro s’épanouissent

¡ Avertissement !
Ce billet est destiné à un « public intéressé par le domaine » disons — si un tel public existe. Et qui aime couper les cheveux en quatre.


Zero Gravity, par Luca Rossato sur Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

Les éléments de la zone 0 sont répétables. La zone 0 elle-même, dans son ensemble, est répétable. Avantage ou inconvénient ? Avantage et inconvénient. D’emblée, déplorons la parcimonie des explications fournies en la matière dans le texte de l’ISBD, et l’absence de cas d’usage : on s’oriente un peu au doigt mouillé.

L’important est qu’on puisse enregistrer l’ensemble des aspects de la ressource, avec en tête les facettes de tri/recherche à proposer aux usagers.

Les cas suivants sont distingués dans le paragraphe consacré à la ponctuation prescrite pour la zone 0 (ISBD, édition intégrée § 0.1 Forme du contenu [2011, traduction française 2013], page 29) :

Commençons par cette dernière.

1. Plusieurs formes du contenu, autant de types de médiation : répétition de la zone 0

En cas de formes de contenu distinctes, chacune correspondant à un type de médiation déterminé, c’est assez simple : c’est comme si on répétait la zone entière, autant de fois que nécessaire. Les exemples ne manquent pas, en voici un :

Histoires de peintures, par Daniel Arasse, ressource constituée d’enregistrements d’émissions de radio (sur CD) et de leur transcription (livre) :

Parole énoncée (auditive) : audio + Texte (visuel) : immédiat

En affichage ISBD, chacune des séquences correspondant à une zone 0 est séparée de la suivante par un signe « + ».

En Unimarc, on aura autant de couples 181 (Forme du contenu) – 182 (Type de médiation) que de séquences, appariées par des $6 (faute de quoi on ne saura pas quelle 182 va avec quelle 181).

Il manque, cela a déjà été relevé dans le billet précédent, de pouvoir compléter chacune des séquences par le type de support approprié (respectivement CD et livre), ce qui est possible dans RDA.

2. Plusieurs formes du contenu, un seul type de médiation

On aurait aimé des cas pratiques dans l’ISBD, et des règles d’application, car cet énoncé recouvre en réalité plusieurs cas distincts :

a — celui de la ressource unique constituée de plusieurs formes de contenu entremêlées (ce cas est extrêmement courant ; par exemple un livre constitué de texte et d’images).

b — celui de la ressource en plusieurs parties distinctes, chacune de ces parties étant constituée d’une forme de contenu spécifique.

c — et le cas où on a les deux à la fois (ressource en plusieurs parties, l’une au moins de ces parties étant constituée de plusieurs formes de contenu entremêlées).

Voici ce qui est dit :

Dans le cas de ressources au contenu mixte, pour lesquelles n’existe aucune partie prédominante (c’est-à-dire que toutes les parties présentent la même importance ou la même mise en valeur), tous les termes applicables à la ressource décrite sont à noter dans l’ordre alphabétique. Exceptionnellement, dans le cas où trois formes au moins s’appliquent aux ressources à contenu mixte, il est possible d’utiliser le terme multimédia.
Dans le cas de ressources au contenu mixte, pour lesquelles une partie de la ressource est prédominante et le reste du contenu considéré comme minime ou accessoire, il est possible d’omettre les formes du contenu qui ne sont pas prédominantes (par exemple, un livre imprimé contenant un peu plus que quelques illustrations, sans que celles-ci suffisent, cependant, à en constituer une partie prédominante ; un enregistrement d’un opéra contenant quelques paroles énoncées).
ISBD, édition intégrée § 0.1 Forme du contenu (2011, traduction française 2013, page 30).

Ce que je comprends, c’est que seul le cas a (la ressource unique constituée de plusieurs formes de contenu entremêlées) est envisagé. On doit de surcroît estimer si l’une des formes de contenu est prédominante (on peut alors négliger l’autre, ou les autres). Exemple,  La Princesse de Clèves, avec des illustrations de Roger Vieillard, à l’Imprimerie nationale en 1980 :

Texte (visuel) : immédiat

En cas de parité (exemple, un catalogue d’exposition imprimé comme celui-ci : Corps et Ombres : Caravage et le caravagisme européen, très abondamment illustré) on devrait avoir :

Image (fixe ; bidimensionnelle ; visuelle). Texte (visuel) : immédiats

Les deux formes du contenu se succèdent dans l’ordre alphabétique (comme prescrit par l’ISBD), et précèdent le type de médiation qui leur est commun. En Unimarc : deux 181, une seule 182.

Ça peut sembler étrange de définir un livre à la fois comme de l’image et comme du texte, mais est-ce que ce n’est pas lié à la croyance, bien ancrée en nous, que ce qui est imprimé sous forme de livre ou de journal est textuel dans sa substance ? Avons-nous la même attitude quant à l’électronique ? Un quotidien en ligne par exemple (qui contient du texte, de l’image fixe et souvent de la vidéo). Et encore une fois, les éléments de la zone 0 gagneraient à être complétés par l’indication explicite du type de support, qui puisse elle aussi tenir lieu de facette de sélection.

Si on applique la logique de la « partie prédominante » à une monographie sur un photographe, un peintre etc. dans laquelle l’image prédomine largement (il en existe avec fort peu de texte), ce serait ça :

Image (fixe ; bidimensionnelle ; visuelle) : immédiate

Mais quid des cas b et c ?

Le cas b, celui des ressources en plusieurs parties, chacune de ces parties étant constituée d’une forme de contenu spécifique devrait se traiter de la même manière — du moins on le suppose. Mais alors une formulation telle que :

Image (cartographique ; fixe ; bidimensionnelle ; visuelle). Texte (visuel) : immédiats

s’applique tout autant à un volume contenant cartes et texte d’égale importance qu’à une ressource constituée d’un volume de texte et d’un atlas (sans que l’un soit considéré un matériel d’accompagnement de l’autre).

Elle s’applique même au cas c, celui où l’un des volumes serait de contenu mixte (cartes et texte) et l’autre non (cartes seulement, ou texte seulement). Et au cas où les deux parties seraient de contenu mixte (cartes et texte).

3. Une seule forme du contenu, plusieurs types de médiation

Ce cas est probablement rare. Exemple recueilli dans l’ISBD :

Texte (visuel) : immédiat + Texte (visuel) : microforme

Comme on voit, la forme du contenu commune est répétée.

Le cas des CD (ou des DVD) peut prêter à controverse, puisque ces supports peuvent être lus aussi bien sur des ordinateurs (type de médiation : « électronique ») que sur des appareils audio (type de médiation : « audio »). Il semble que le type de médiation « électronique » doive être réservé aux enregistrements qui nécessitent un ordinateur ou tout autre dispositif analogue pour être utilisés — un fichier mp3 par exemple :

Musique (interprétée ; auditive) : électronique

Dans le cas contraire — un disque vinyle ou un CD par exemple — le type de médiation sera « audio » :

Musique (interprétée ; auditive) : audio

………

Voilà. On va s’arrêter là pour cette fois. Et puisque l’été vient, et même si c’était encore l’hiver, imaginons « la platja de Barcelona, alguna nit de juliol » : autorisons-nous un peu d’image (animée ; bidimensionnelle) : électronique, qui est aussi de la musique (interprétée ; auditive) : électronique, ça nous fera du bien.

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Cesk Freixas | La petita rambla del Poble Sec / Cesk Freixas, paroles, musique, chant, guitare ; Magí Batalla, arrangements & direction musicale. Extrait de l’album La mà dels qui t’esperen, Temps Record, 2010.
Vidéo : Marc Artigau, direction artistique. Barcelone, Oudú produccions, 2010.

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